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PROGRES et RENOUVEAUMieux vivre à Rosières |
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L’accusation Information préparatoirement faicte cejourd'huy troisième juillet 1612, par devant nous prévost et gens de justice de Rosières à l'encontre de Parisot François du dit lieu, prévenu du crime de sortilege et vénéfice (empoisonnement) et pour lequel sera détenu en prison ferme de ce lieu en suite de l'ordonnance du Sieur Jacques de Louppy devancier de nous prévost en charge, et de l'accusation d'Isabeau veuve de feu Jean Dur du même lieu exécutée pour mesme crime en quoy faisant à nous ouyr les tesmoings cy après desnommés, après qu'ils ont été adjournés (= assignés en justice) et adjurés à requeste du Sieur substitut de Monsieur le Procureur général de Lorraine en ce lieu dudit Rosières. Les témoinsTesmoings ouys contre ledit Parisot le 3ème juillet 1612, comme s'en suit : 1 - Claude Dompbrot, demeurant à Rosières, aagé d'environ cinquante ans, adjuré, enquis et examiné. A dict ne rien scavoir contre le cy desnommé Parisot François sinon que de longtemps il est en mauvaise réputation destre sorcier et aussy qu'il scait, à la vérité, que journellement, il ne faict que derober l'un et l'autre. Et telle est sa déposition. 2 - Clémente, femme à Aubry Le Clerc, aagée d'environ soixante ans, A dict et déposé qu'il peut avoir environ cinq mois qu'elle avoit laissé leur vache pour aller boire et passant au logis dudit Parisot François, amiba (elle mit bas !) par terre et à mesme instant mourut ; et croit, elle déposante, que ce soit Iceluy Parisot parce que journellement ils ne faisaient que disputer ensemble, comme aussy, que de longtemps, il est de mauvaise réputation destre sorcier et larron. Et plus n'en dict. 3 - Aubry Le Clerc dudit Rosières, aagé de soixante ans ou environ... confirme les dires de sa femme. 4 - Margueritte, femme à Villemin Contà, aagée de quarante ans ou environ... A dict qu'il est environ quatorze mois qu'ils eurent une vache noyée avec cinq chevaulx, ayant opinion, elle qui dépose, que scavoir faict le dict Parisot, parce qu'auparavant, ils l'avoient refusé de luy vendre du bled à çrédy et que de longtemps, il est de mauvaise réputation d'estre sorcier et larron. Et telle a faict sa déposition. 5 -Villemin Contà, moictrier au dict Rosières, agé de quarante ans ou environ... énonce les mêmes soupçons. 6 - Jean Collin Louya du dit Rosières, agé de cinquante ans ou environ... A dict et déposé que par bruict commun, on tient le dit Parisot pour sorcier, la ainsy ouy appellé par ses enfants, mesme specialement par une sienne fille,l y a environ un an. A aussi opinion que s'il est tel, il a causé la perte d'un sien fils qui fut noyé y a environ quatorze mois avec cinq chevaulx qu'il conduisoit, passant au gaye La Blachnotte, appartenant à Villemin Contà, tesmoing devant ouy. La raison de ses soupçons estant, qu’ayant la femme du dit Parisot, rencontré celle de luy déposant qui conduisait les dyct chevaux noyés Et telle est sa déposition. 7-Marguerite, femme au dit Jean Colin Louya, precedent tesmoing, aagé de 50 ans ou environ, répète la même accusation. 8- Jean Monin, du dict Rosières, aagé de 50 ans, a ditct ne rien scavoir à l’encontre dudit Parisot, sinon que par bruict communil y a environ 18 ans qu’il est sorcier, ayant opinion y' est sorcier, ayant opinion qù Iceluy a esté chassé pour ditte cause de Tonnois, qu'il y a vingt ung ans ou environ qu'il a ouy les dittes filles d'Iceluy l'appellé vieil genox (= guenoche, sorcier). Et telle est sa déposition. 9 - Jeanne, femme à Adrian Sylvestre du dit Rosières, aagée de 40 ans... A dict et déposé qu'elle n'a reçu aucun art de sortilege contre le dict Parisot, bien la elle ouy soubsonné estre sorcier : qu'il y a douze ans ou environ que la femme du dit Parisot layant par ung jour de dimanche transporté chez elle et luy demander de empruns une traicte de sapé, laquelle, elle déposante, luy aurait délivré et pendant quoy, le dict Parisot entre en leur maison et derobba une besche, laquelle elle, l'ayant reconnu, la femme du dict Parisot entra en leur maison et luy assura le dict larcin estre commis par le dict Parisot, son mari, combien qu'auparavant (malgré qu'..) Iceluy est desnié d'avoir derobbé la dicte besche. Et telle est sa déposition. 10 - Beatry, Veuve de feu Clément Berger du dit Rosières, aagée de 50 ans... A dict et déposé que demeurant au temps de Pasques au lieu de Xoudalle, le dict Parisot vient demander l’aumosne avec une jeune fille et comme il y avoit un autre pauvre auquel, elle déposante, avoit donné l’aumosne, n’ayant temps de donner au dict Parisot, prié une autre servante du dict lieu de luy donner, ce quy fut faict. Mais comme elle nestoit à la volonté du dict Parisot, il se mit en collere et dict qu'avant trois jours soit passés, elle déposante s'en donnerait de garde (garder le lit ?), ce quariva dans les dicts trois jours par une maladie de laquelle elle nest encor présentement guérie, souffrant grand tourment et ne pouvant absolument travailler ny gagner sa vie, ayant opinion comme bruict qui court que le dict Parisot est sorcier et les menasses susdites qu'il luy a donné la ditte maladie. Et telle est sa déposition. 11 - Mangeon, femme à Claudin Choné dudit, aagée de 50 ans ou environ... A dict et déposé qu'il y a environ deux ans ou environ que lung de leurs chevaulx devient malade. Ils envoyent quérir le dict Parisot et le prient de donner des breuvages au dit cheval, ce qu'il fait et combien qu'il ait employé huict jours de temps ou environ, ne le guerit et mourut de la ditte maladie; Ont soupsonné autrement que l’accident ait esté causé par ce dict Parisot ors qu’il soit en très mauvaise réputation et de longtemps esté sorcier ; a eu appréciation qu’il ne luy meffaict, parce que son fils ayant demeuré dans leur maison, y a dérobbé ung flacon de vin bouilli et estant de ce resconnubt, ils le chassèrent. Et telle est sa déposition. 12 - Didier Simonin, vigneron du dit Rosières, aagé de 30 ans ou environ... A dict et déposé que le dict Parisot est de mauvaise réputation destre sorcier ; n'en scait neanmoing autre chose, sinon que, retournant de charger une charge de bois à landechamps avec Jean Mosnin, lorsque l’on rencontrait aux aux vignes, virent le dict Parisot tout nud, sans qu'il y ait personne proche de luy, couché le ventre dessoub iu assis, ne scait lequelle, et faisait lors bien frais. Et telle est sa déposition ». lu et retranscrit par H. Nardin L’interrogatoire« Cejourd'huy 3 ème jour de juillet 1612, nous prévost et gens de justice de Rosières; nous sommes argumentés en la chambre de la maison de ville et avons fait amener par devant nous Parisot François... interrogé d'abord « de ses aage, nativité et demeurant,et quy estoient ses père et mère .. A dit s'appeler Parisot François, aagé d’environ 72 ans, natif de Domart aux Bois (= Damas-aux-Bois, Vosges), fils de François Cugnin et, mariés sont environ 40 ans avec Allizon, sa femme encor vivante et de laquelle il a heu huict enfants, quatre morts et quatre encor vivants ». Ses réponses aux accusations sont négatives. A la dernière question posée « Interrogé sy il ny a heu un an au Caremme passé, il ne fut en sa vigne, deshabillé, tout nud, la teste contre terre, le ventre desoubs et faisant des gestes impudiques. A dict, feignant de pleurer, puis instamment comencant à rire, que sest la vérité ; qu'au temps cy dessus, comme luy et sa femme et ses enfants estant à sa vigne au hault Saint-Simon, il se deshabilla tout nud et fait chercher par eulx, la vermine questoit en sa dite chemise,pendant quoy il était appuyé contre une meule, au soleil, non toutefois qu’il tient gestes lassifs et impudiques. Le 6 juillet, on le fait sortir à nouveau de prison, pour assister au recolement (= lecture des dépositions) et à la confrontation des « tesmoings ouis contre luy » ; Chaque témoin adjuré et recollé en sa déposition a persisté à icelle sans y vouloir ajouter ny diminuer ». La décision de la torture le procureur « maintient, luy procureur qu'iceluy prévenu est tellement chargé qu'il ne reste pour l'en convaincre que d'en tirer la confession de sa bouche pour a quoy parvenir tend et consend à ce qu'il soit mis et appliqué à la question ordinaire et extraordinaire*, pour pendant les tourments d'icelle estre interrogé, pressé et contrainct de confesser la vérité... » ; Suit la signature C.M,Remy*. Les maîtres échevins « disent que pour purger les individus contre les résultants et charges produictes, il y a matière de luy faire subir la question médiocrement eu esgard, à son age pour pendant le destirer, sera interrogé bien particulièrement... Le bourreau, le 16 juillet 1612Nous « l'avons admonesté de nous desclarer et descouvrir la vérité des faicts résultants contre luy par le présent procès. A persisté a ses dénégations. Sur lesquelles avons ordonné à Christophe Godin exécuteur de justice de lui donner les gresillons* aux pouces. Cependant quoy l'avons bien particulièrement interrogé sur tout ce qu'en chacun des faicts portés en la ditte Information. A dict que sur la damnation de son âme, qu’il est gens de bien et qu'il n'est sorcier. Admonesté par le serment, que luy avons faict prester, de penser à sa conscience et de la descharger. A dict damné soit son âme si je suis sorcier. Luy avons faict oster
et luy faict mettre aux orteilles
des pieds et pressé de
nous dire la vérité. Remonstré qu'il se parjure et que Jeannotte Blaison luy ayant maintenu tout estre son complice, ayant donné des insignes (renseignements ) si probables mesure à la cause de son cas, il advise à dire la vérité. A dict n'avoir jamais vu la ditte Jeannette au Sabat* pour ny avoir enté ny estre sorcier. Luy avons faict oster les dits gresillons et faict estendre sur l'echelle* et la menacé de luy faire sentir la rigueur de la question. A dict : vous vous damnerez. Lavons faict destirer d'ung quart de tour et comme dessus. A dict damnée soit mon âme si jamais je le fus. Destiné d'un autre quart de tour. N'a voulu respondre autrement ; relaché, a persisté. Et combien que les réponses de son audition de bouche il se soit dict agé de soixante et douze ans, avons neanmoing jugé nécessaire tant agé de ses forces pouvoir endurer de grands travaux (!). L'avons derechef faict estendre sur l'échelle et destirer* d'ung demy tour. A dict : Mort D..., je ne suis sorcier (Mort Dieu !). A esté destiné derechef d'un quart de tour. A dict laché moy, je vous dirai la vérité. Pressé de la dire avant que de le lacher. A dict ventre de D..., je suis sorcier depuis six ans. Et puis se corrigeant, après avoir dict deux ou trois fois depuis six ans, a dict y avoir dix ans. En quel lieu Lemeny (autre nom de Satan, de même que Persin) s'apparut à luy pour la première fois ? A dict que ce fut à l'étang Collotte. Quel discourt il luy tient ? A dict qu'il luy dict : tu es bien fasché, ta femme et tes enfants te font bien du mal. Si tu veux me croire, tu seras bien heureux, et à l'instant luy qui respond, luy aussitôt donna son consentement, aysseya de la toucher soub la teste ; ne scait s'il luy toucha et luy mettant en main un cornet de papier luy dict tien, voilà de l'argen pour tayder, luy disant s'appeler maistre Nicolas. Ce faict disparut, et luy respondant, regardant le papier, y trouva une feuille de chesne. Nous priant le laisser en repos et que cela faict, il nous dirait la vérité. Lavons laissé destendre tout doucement et admonesté de confesser ces faict autrement. A commencé à blasphémer le Sainct nom de Dieu et dire que damné soit son âme s'il estoit sorcier. Pourquoi donc il nous la confessé présentement ? A dict :.pour estre deslivré de la peur de la question. Menacé de luy faire subir d'autres tourments de question plus viollant, a dict: je suis donc sorcier par ma foi. Requis sy ce qu'il nous a donc dict estoit véritable ? A dict nenny. Voyant lesquelles dénégations et variations et que ses
forces pouvaient encor endurer beaucoup de tourment, luy avons faict donner ung tour de tortillons ce pendant et
pressé de dire la vérité. Et l'ayant faict amener auprès du feu et le chauffé (torture au feu), l'avons requis s'il est vray qu'il soit sorcier ? |